Réunis à Yverdon le 7 février dernier, les socialistes chrétiens romands ont traité un important débat de société: l’avenir de la planète et de ses habitants passe-t-il par la poursuite d’une politique de croissance ou faut-il, au contraire, rechercher un mode de vie qui renonce à l’exploitation toujours plus intensive des ressources ? La journée a débuté par une méditation de Mme Caroline Ingrand-Hoffet, pasteure à Onex, qui a évoqué la nécessité pour les chrétiens de se poser les questions politiques, de contester ce qui est contestable et de créer du neuf. Président du Parti socialiste suisse, M. Christian Levrat a ensuite défendu la recherche de croissance au service de la construction d’une société plus juste. Il faut en effet assurer la prospérité pour garantir le plein emploi, défendre les salaires qui sont la base de notre sécurité sociale (AVS par exemple) et offrir aux pays émergents et sous-développés un avenir de progrès. Cela passe évidemment par la régulation et la démocratisation de l’économie ainsi que par une révolution industrielle (énergies nouvelles, innovations technologiques et structurelles) et la lutte contre les gaspillages.
Pour Mme Anne-Catherine Ménétrey, ancienne conseillère nationale écologiste, il y a une impérieuse nécessité de limiter le gaspillage des ressources ce qui ne signifie pas prôner la misère. Les plus gros consommateurs peuvent faire un effort pour aider les plus défavorisés à vivre mieux. Elle conteste l’argument du gâteau à agrandir pour améliorer la part de chacun: l’accroissement du gâteau a été jusqu’ici accompagné d’une augmentation des inégalités ! C’est d’ailleurs inhérent au capitalisme, qui ne peut survivre que dans la croissance, l’hégémonisme donc au prix de l’épuisement de la planète et de l’injustice. Le développement durable lui-même n’échappe pas totalement à cette critique. Il convient donc de choisir de ne développer que ce qui est utile.
Les débats ont démontré que la gauche est loin d’avoir une position unanime sur cette question qui divise également les écologistes. Sans doute portés par nature vers les remises en question audacieuses, les socialistes chrétiens semblaient cependant pencher du côté de la sauvegarde de la Création et de la rupture avec la logique capitaliste.