Réunis à Yverdon le 6 février dernier, les socialistes chrétiens ont consacré leur journée d’étude au thème de la peur, celle de l’individu face aux situations difficiles ou celle de la société face aux défis qu’elle doit affronter.
M. Georges Nydegger, théologien et membre du comité romand, a introduit la journée par une méditation évoquant Adam, qui a peur de la punition divine, David, qui vainc la peur grâce à la foi, et les bergers de la nuit de Noël auxquels la Bonne Nouvelle enlève toute crainte. Pour le croyant, le message de justice et de vérité constitue donc un viatique contre toute peur.
Journaliste à la Tribune de Genève, M. Thierry Mertenat, est un spécialiste du fait divers. Il a notamment suivi le travail des policiers chargés des levées de corps (défunts oubliés, suicidés), ce qui lui permet d’évoquer la peur face aux situations sordides, mais aussi celle du journaliste confronté à la peur de se tromper sur une information. Il cite alors le Don Juan de Molière qui se veut courageux, mais ne peut se séparer de son valet Sganarelle pour affronter le danger: la peur ne s’affronte pas seul !
Cheffe du service jeunesse et loisirs de la ville de Lausanne, Mme Estelle Papaux, a ensuite montré que les jeunes (qui font si peur…) jouent en fait à se faire peur: jeux vidéo, courses à rollers dans les rues, «bitures express», sports extrêmes. Ils reproduisent en fait les spectacles présentés par des émissions TV où des «héros» très entraînés et bien encadrés s’offrent des montées d’adrénaline. La société sacralise cette prise de risque, sans forcément donner le cadre qui permet de connaître les limites du danger. Il convient donc de soutenir les activités structurées et encadrées.
D’une façon plus générale et politique, les participants ont relevé la nécessité de renforcer l’esprit d’entraide et le sentiment d’appartenance à une communauté, mais aussi de reconnaître les peurs générées par l’insécurité sociale.
M. Denis Müller, professeur de théologie (éthique) a ensuite montré que le principe de précaution, qui doit anticiper les menaces (épidémies, écologie) pour éviter les catastrophes, peut conduire à dramatiser la situation au risque de provoquer un totalitarisme qui impose des solutions. Il préconise donc trois «vertus» laïques. La lucidité: il convient de regarder les choses en face; les problèmes soulevés par l’UDC sont en général de vrais problèmes que la gauche ne doit pas nier. Le courage: il faut promouvoir une conception optimiste de l’existence, une force capable d’affronter les difficultés. Il faut donc que les socialistes défendent une éducation renforçant la responsabilité individuelle, qui ne doit pas rester un thème de droite, même si le but est de défendre le bien commun. Enfin l’espérance, qui n’est pas une fuite en avant dans un Royaume divin eschatologique, mais une confiance dans l’homme, une conviction que les petits gestes quotidiens peuvent changer la vie, autant que l’action politique et sociale.
Théo Buss entre au comité
En fin de journée, la Fédération romande des socialistes chrétiens a tenu son assemblée statutaire au cours de laquelle elle a pris congé de son président, M. Didier Rochat (Neuchâtel). Le pasteur Théo Buss (La Chaux-de-Fonds) a été élu au comité qui désignera prochainement en son sein le nouveau président.