Un geste pour la planète: l’initiative «Multinationales responsables»
C’est devenu un leitmotiv et même un argument publicitaire: il faut que chacun fasse son «geste pour la planète». Acheter une voiture hybride, utiliser des pailles et de la vaisselle de pique-nique réutilisables, faire le ménage avec des produits bios, choisir une variante verte dans l’offre de son fournisseur d’électricité, poser des panneaux solaires sur son toit, privilégier les transports publics, … C’est bien, c’est méritoire et cela contribue très certainement à retarder la catastrophe écologique qui nous menace. On peut faire un pas de plus en favorisant les partis et les candidats qui ne se contentent pas de belles phrases.
Mais cela ne suffit pas ! Les malheurs de la planète sont aussi globalisés que son fonctionnement économique. Or il n’est pas (ou plus) entre les mains des pouvoirs politiques, encore moins entre celles des citoyens. Ce sont les entreprises qui détiennent les leviers, et particulièrement les multinationales. Elles gèrent l’exploitation des matières premières, la production industrielle, les transports et la commercialisation des marchandises. Les lois du marché, qui leur servent à la fois d’idélogie et de justification, les conduisent à chercher les prix les plus bas avec les profits les plus élevés, et non les nuisances les plus faibles avec la plus équitable répartition des richesses.
Les conséquences sont catastrophiques, écologiquement et socialement. C’est devenu si évident qu’une partie importante de l’opinion publique s’en émeut et se montre de plus en plus capable d’adopter un comportement «vert» dans sa vie quotidienne. Malheureusement, les pratiques des entreprises qui dominent l’économie mondiale rendent dérisoires nos efforts quotidiens.
L’initiative «Multinationales responsables» navigue actuellement entre les deux Chambres fédérales où les partis de droite, malgré leur récente conversion à l’écologie, font tout pour la retarder et atténuer sa portée. Elle demande que toutes les multinationales ayant un siège en Suisse respectent les Droits humains et les standards environnementaux, également à l’étranger. On nous rabâche les risques pour notre économie (expatriation des entreprises et de leurs cadres, dure concurrence étangère). Nous pensons au contraire que les dégâts pour l’humanité et pour la Suisse imposent des mesures rapides et à grande échelle.
N’attendons pas que «les autres» fassent le premier pas et soutenons activement, d’ores et déjà, cette initiative qui constitue un vrai geste politique pour la planète, qui motiverait et encouragerait ceux que nous pouvons faire à notre niveau individuel.
Jean-François Martin, secrétaire des CGR
(paru dans l’Espoir du Monde, n° 175, octobre 2019)